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Election présidentielle au Venezuela : la coalition de l’opposition réussit à inscrire un candidat

La principale coalition de l’opposition vénézuélienne, la Plate-forme unitaire démocratique (PUD), a réussi à enregistrer une candidature pour l’élection présidentielle du 28 juillet, a annoncé, mardi 26 mars, le Conseil national électoral (CNE). Mais sa cheffe de file, Maria Corina Machado, elle-même déclarée inéligible, accuse le président, Nicolas Maduro, qui brigue un troisième mandat, d’avoir « choisi » ses rivaux.
Le candidat inscrit est Edmundo Gonzalez Urrutia, ancien ambassadeur et politologue. Il remplace ainsi Corina Yoris, l’universitaire inconnue en politique, que Maria Corina Machado avait d’abord choisie comme remplaçante et qui n’a pu être inscrite, sans que le CNE donne d’explications.
Alors que la limite des inscriptions expirait lundi à minuit, le CNE a finalement accordé un délai à l’opposition et accepté d’inscrire M. Gonzalez Urrutia. Des analystes et l’opposition estiment cependant que ce dernier pourrait être remplacé par un autre candidat – Mme Machado, Mme Yoris ou un autre – si des négociations entre le pouvoir et l’opposition aboutissaient.
Mme Machado avait remporté haut la main la primaire de l’opposition et semblait pouvoir rallier derrière elle une opposition souvent divisée. Mais elle est désormais inéligible, accusée par le pouvoir de corruption et de soutenir une invasion étrangère ; ce qu’elle a toujours nié.
« Ce que nous avons dénoncé pendant de nombreux mois a fini par se produire : le régime a choisi ses candidats », a-t-elle lancé, mardi. Des nombreux observateurs et opposants estiment que le CNE, souvent accusé d’être aux ordres du pouvoir, a délibérément bloqué la candidature de Corina Yoris.
Le Brésil et la Colombie ont exprimé, mardi, leur « préoccupation », tandis que le ministre des affaires étrangères uruguayen, Omar Paganini, a estimé que le Venezuela « se consolide en tant que dictature ». A Caracas, le ministère des affaires étrangères vénézuélien a réagi en accusant les trois pays d’ingérence. De leur côté, les Etats-Unis se sont également dits « très préoccupés » par le blocage de la candidature de Corina Yoris.
Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a, lui, appelé la communauté internationale à « continuer à s’engager avec les parties en faveur d’une feuille de route négociée ». « Nous regrettons tout développement susceptible d’entraver les garanties électorales et rappelons la nécessité de garantir le droit de voter et d’être élu », a-t-il ajouté.
Mardi, avant l’inscription de Gonzalez Urrutia, Maria Corina Machado avait insisté : « Ma candidate, c’est Corina Yoris. Personne ne va nous faire sortir de la route électorale. Nous lutterons jusqu’au bout. » Elle avait aussi pris ses distances avec la candidature de dernière minute de Manuel Rosales, 71 ans, vieux routier de la politique, déjà candidat face à Hugo Chavez en 2006, et gouverneur de l’Etat pétrolier de Zulia (nord-ouest).
Ce poids lourd était loin de faire l’unanimité dans l’opposition, qui lui reproche ses contacts réguliers avec M. Maduro depuis qu’il est redevenu gouverneur, en 2021. Il s’est défendu de vouloir « enlever le leadership à qui que ce soit », assurant venir « les bras ouverts » : « J’ai dû prendre une décision : à savoir ouvrir un espace pour que les Vénézuéliens puissent voter ou aller vers une abstention et que Maduro reste en place pendant six années supplémentaires. »
Nicolas Maduro, 61 ans, qui a succédé à son mentor Hugo Chavez à sa mort, en 2013, est candidat à un troisième mandat. Toute la machine de l’Etat et du chavisme est déjà en marche pour assurer sa victoire. Mardi soir, à la télévision, le président colombien a qualifié le parti de Mme Machado de « terroriste », sans avancer d’élément crédible pour étayer cette accusation.
Plus de soixante pays, dont les Etats-Unis, n’avaient pas reconnu sa réélection en 2018, boycottée par l’opposition. Cette non-reconnaissance a débouché sur des sanctions économiques visant notamment le secteur pétrolier.
Le Monde avec AFP
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