En Chine, les purges dans l’appareil militaire continuent

Pour l’Armée populaire de libération (APL) chinoise, l’année 2023 a été marquée par une longue purge. Elle ne devrait pas s’arrêter en 2024, à en croire l’éditorial du Nouvel An du Quotidien de l’APL, qui promet de poursuivre la « guerre difficile et prolongée contre la corruption ». Au cours de l’année écoulée, « nous avons persévéré dans la correction de la conduite, le renforcement de la discipline et la lutte contre la corruption », poursuit l’organe de l’armée.
Ce grand ménage a coûté son poste au ministre de la défense, Li Shangfu, disparu en août avant d’être officiellement limogé en octobre, sans la moindre explication. Si on est toujours sans nouvelles de lui, son successeur a été nommé par le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, a annoncé, le 29 décembre, l’agence d’Etat Chine nouvelle : Dong Jun, le nouveau ministre, était commandant de la marine depuis deux ans.
Il est promu à un poste de représentation, non stratégique : « Le poste de ministre de la défense n’est pas très important dans la hiérarchie militaire chinoise. Il est principalement destiné à s’occuper des relations militaires avec l’étranger qui, comme nous l’avons vu dans le cas des relations militaires entre les Etats-Unis et la Chine, ont été marginalisées », explique Tai Ming Cheung, professeur à l’Ecole de politique et de stratégie globales de l’université de San Diego (Californie). Le commandement de l’armée chinoise revient à la Commission militaire centrale, dirigée par le président, Xi Jinping, et le militaire Zhang Youxia, vice-président de la commission.
Dans le contexte des tensions grandissantes avec les Etats-Unis, autour de Taïwan et en mer de Chine du Sud, cette nomination devrait toutefois participer à la reprise du dialogue. La Chine avait coupé la communication entre états-majors après la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, en août 2022, mais Joe Biden et Xi Jinping ont annoncé la reprise des contacts lors de leur rencontre à San Fransisco, en marge de l’APEC, en novembre 2023. Dans ce contexte, Dong Jun peut apparaître comme un nouveau ministre pour une nouvelle phase des relations, alors que son prédécesseur était placé sous sanctions américaines, ce qui n’arrangeait rien aux relations sino-américaines.
Dong Jun connaît bien son institution : avant de devenir commandant de la marine, il a servi dans la flotte du Nord, zone où l’armée chinoise collabore avec la Russie, dans la flotte de l’Est, qui veille à un potentiel conflit avec le Japon, et au commandement du théâtre du Sud, qui surveille la mer de Chine du Sud, actuellement le point le plus chaud de l’implication militaire chinoise.
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